La part du feu by Norman Maclean

Auteur:Norman Maclean [La part du feu]
La langue: fra
Format: epub
Tags: La part du feu
Publié: 2014-05-12T15:33:49+00:00

C’est le 9 novembre que Gisborne et Jansson escaladèrent Rescue Gulch. Gisborne avait à moitié convaincu Jansson qu’il y arriverait s’il se reposait tous les cent mètres. Jansson dit que la marche d’une demi-heure leur prit deux heures et il laisse un rapport étrange et émouvant (à l’intention des assurances) sur cette journée, intitulé « Compte rendu destiné à accompagner le formulaire CA2 sur la mort de Harry T. Gisborne ». Le rapport était accompagné d’une carte (qu’on n’a pas retrouvée) avec trente-sept numéros sur les endroits significatifs où les deux hommes s’étaient arrêtés pour parler. Cependant, il reste encore quatre pages de notes indiquant les principaux sujets de conversation à chaque « pause » et souvent une citation. Ils n’avaient pas parcouru la moitié de la zone du feu – ils n’en étaient qu’à la pause numéro quinze – que la note dit : « Toutes ses théories sur l’incendie s’écroulent ».

À la pause numéro vingt-huit, Gisborne dit à Jansson : « Je ne crois pas que votre feu ait tourbillonné. Vous l’avez cru à cause de ce qu’on vous avait dit, moi en particulier. »

Pour Gisborne, la science commençait et se terminait par l’observation qui menacerait toujours la théorie. Vers la fin de l’après-midi, tout ce qu’il avait observé montrait que l’incendie avait brûlé sans tourbillons de feu et, qu’en conséquence, Jansson et lui avaient tort. Quand ils atteignirent la pause trente-deux, Jansson ne s’accrochait presque plus à son expérience du tourbillon de feu. Soudain, il dit : « Le voilà mon tourbillon. » Gisborne vit tout de suite qu’un tourbillon de feu avait suivi une ligne vers le sommet de la crête, près de l’endroit où Hellman avait été brûlé et c’était sans aucun doute la raison pour laquelle il avait été brûlé là, et Diettert un petit peu plus loin. « Ouais », dit-il. Il voulut le prendre en photo et, séance tenante, en cette fin d’après-midi, il voulut en suivre la course et en dresser l’itinéraire. Jansson trouvait que la journée avait déjà été trop longue et il savait qu’il ne leur restait que le temps de redescendre vers leur camion avant la tombée de la nuit. Il affirma à Gisborne qu’il enverrait quelqu’un à Mann Gulch pour tracer le chemin du tourbillon et Gisborne s’excusa quand il vit à quel point Jansson était perturbé. Il lui dit : « Je suis heureux d’avoir pu monter jusqu’ici. Demain, nous pourrons réunir tous nos renseignements et nous mettre au travail. Cela nous conduira peut-être à une théorie. » C’était lors de la pause trente-cinq. À partir de cet instant les pauses devinrent les stations du chemin de croix.

Ils suivaient une piste de gibier le long des parois rocheuses, au-dessus du Missouri, et ils se trouvaient entre quatre cents et cinq cents mètres de leur camion quand ils arrivèrent à la pause trente-sept. Gisborne s’assit sur un rocher et dit : « C’est un bel endroit pour s’asseoir et regarder le fleuve. Je me suis bien débrouillé. Pourtant, mes jambes me feront peut-être mal demain.

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